Le deuil qu'il soit lié à la perte d'un proche, d'un animal, d'une relation, d'un lieu ou d'une partie de soi, représente une expérience douloureuse et à la fois fondatrice pour la personne qui traverse cette épreuve.
D'ailleurs le mot épreuve évoque cet avant et après le deuil. Comme si la personne n'est plus la même. Quelque chose a changé en elle, à l'intérieur d'elle. Elle apprend à faire "sans": sans l'être aimé, sans ce travail, sans cette maison, sans ce sein, sans...ce lien . La vie l'oblige à renoncer .
En général, le deuil s'impose, il ne prévient pas, ou pas toujours, et surtout il n'est pas choisi , encore moins désiré.
Le deuil est un travail intérieur physique et psychologique qui crée un processus d'évolution , de transformation . Combien de parents décident de créer une association, se lancent dans un combat contre une maladie ou du harcèlement suite au décès de leur enfant. Ils transforment leur drame personnel en une mission de vie , une quête plus grande qu'eux. D'autres au contraire vont sombrer dans l'alcool ou dans la dépression et ne s'en relèveront jamais.
Ce processus de deuil a été étudié, analysé , évalué et l'évolution d'un travail de deuil est considérée soit normale, soit pathologique, avec un niveau de gravité plus ou moins élevé..
Le travail de deuil évolue en étape : la personne franchit une étape après l'autre et avance jusqu'à la ligne d'arrivée. Cela peut prendre quelques semaines, quelques mois ou quelques années selon le type de deuil et la relation qui a été rompue.
Si la personne s'arrête en cours de route, si elle se bloque sur une étape , le deuil devient alors pathologique et peut engendrer des comportements inadaptés ou des troubles physiques ou psychologiques, parfois graves pouvant aller jusqu' à la mort.
C'est le Dr Elysabeth Kübler-Ross psychiatre qui a mis en évidence les différentes étapes du deuil dans les années 70. Elle en distingue:
La première étape est celle du déni, le cerveau ne peut pas intégrer l'information. La personne est sous le choc, en état de sidération. Souvent il y a peu d'émotions, mais le corps parle, vomissement, évanouissement. Le temps semble s'arrêter, et l'endeuillé perd ses repères d'espace et de temps. Plus le choc est grand, plus la réaction physique est forte en générale. Si la mort de la personne est attendue, suite à une longue maladie par exemple, cette étape est moins marquée.
LA deuxième étape est celle de la colère. On cherche un responsable, les causes, les coupables. "Pourquoi lui pourquoi qu'un autre?"
De cette colère nécessaire peut naître un sentiment d'injustice qui peut se réactiver sur tous les domaines de la vie et durer de nombreuses années.
La troisième étape est celle du marchandage, la personne essaie de négocier avec la vie, elle essaie de soulager son sentiment d'impuissance et parfois de culpabilité.
La quatrième étape est la tristesse. Celle -ci s'exprime sous différentes formes et intensité selon les moments du deuil allant de l'abattement à la dépression.
Cette étape souvent la plus longue permet de déposer sa peine. A ce stade, l'endeuillé peut s'enfermer dans sa souffrance pour maintenir une forme de loyauté vis à vis du défunt. Le risque de sombrer dans une dépression chronique ou une mélancholie est important.
La cinquième étape est celle de l'acceptation. Le personne peut encore être triste par moment mais elle a retrouvé un fonctionnement normal. Elle retrouve le goût de vivre, l'envie de faire, elle a de nouveaux des projets. Elle analyse ce deuil avec plus de détachement comme une épreuve de sa vie.
Depuis les travaux du Dr Kübler-Ross, d'autres étapes se sont ajoutées dont celle de la reconstruction. Selon l'intensité du deuil, la personne a pu vivre une forme de déconstruction et maintenant au -delà de l'acceptation, elle découvre qu'elle devient une nouvelle personne avec cette expérience.
Je me souviens de cette femme qui avait du faire le deuil de son sein suite à un cancer et qui se ressentait beaucoup plus sereine et tolérante qu'avant. Cette perte l'avait amené à s'aimer davantage , à se découvrir des potentiels artistiques, à oser être elle-même , comme une nouvelle naissance.
L'accompagnement du deuil prend différentes formes selon l'étape où en est la personne.
Au delà de l'accueil de la parole et l'écoute bienveillante, j'aide la personne a repéré l'étape où elle se situe et les conséquences dans sa vie actuelle. Puis peu à peu je l'aide à évoluer vers les étapes suivantes avec des outils de la sophrologie, de la relation d'aide de l'hypnose, et des thérapies brèves . Si le deuil a été vécu de manière traumatique, la libération du souvenir traumatique est nécessaire pour l'avancée du travail du deuil ( voir article sur les traumas). La technique de Libérations des Chocs Emotionnels est souvent très efficace dans ce cas. L'objectif de cet accompagnement est de dire au revoir, de laisser partir sereinement .
Le travail avec le corps peut être intéressant pour apaiser des angoisses, des peurs, améliorer le sommeil. Des exercices pour libérer la colère et le sentiment d'injustice peuvent être proposés. Puis les techniques de visualisation aident à retrouver un lien apaisé avec le défunt ou la situation.
A un moment, la personne sent que le deuil est fait. Elle peut en parler sans ou avec peu d'émotions. Elle ne se vit plus dans la séparation, et peut réactiver les souvenirs positifs avec le défunt ou le lien perdu. On dit souvent qu'elle ressent la personne à l'intérieur d'elle. Le sentiment de perte physique est intégré , et un nouveau lien plus émotionnel et parfois, spirituel se construit .
Une fois le travail de deuil terminé , la personne réinvestit sa vie et parfois la transforme...