Valérie Rousseau
Thérapeute psychocorporel en Gironde

La culpabilité, l'émotion qui tue


La culpabilité culpa en latin  signifie « péché, faute »

Il existe 2 définitions du mot « culpabilité » dans le dictionnaire

1/ « Etat de quelqu’un qui est coupable d’une infraction ou d’une faute »

2/ « Sentiment de faute ressenti par une personne que celle-ci soit réelle ou imaginaire »

Le mot clé caractérisant la culpabilité est la faute, la personne coupable pense avoir commis une faute. Mal faire et faire mal sont à l’origine de la culpabilité.

Le problème est qu’il y a des fautes objectives et des fautes subjectives. Certains actes peuvent être considérés comme une faute ou non selon les cultures, les sociétés, les personnes.

 Il en résulte une punition sous forme de séparation symbolique ou réelle (Ex : le coin, la prison, l’enfermement, l’exil, la chute, l’expulsion, la coupure).

Ex : dans certains pays on coupe encore la main du voleur

 

La culpabilité, sentiment ou émotion ?

La culpabilité est un sentiment le plus souvent durable qui nous habite de manière plus ou moins consciente. Elle peut émerger par intermittence sous forme d’émotions ou rejaillir à notre conscience sous forme de sentiment. Le plus souvent elle « dort » dans notre inconscient.

La culpabilité se déclenche dans des moments précis particuliers pour chacun de nous. Elle naît dans chaque idée de jugement que l’on porte sur soi-même et sur les autres.

Notre mental fonctionne de manière binaire, en jugeant, en divisant ce qui est bien de ce qui est mal. C’est cette partie de notre cerveau qui alimente la culpabilité. Elle est appelée surmoi, gendarme intérieur, croyance limitante.

La culpabilité nait :

  • lors d’une problématique de séparation, de deuil, ou de coupure symbolique
  • lors de jugement que l’on porte sur soi
  • lors de l’évaluation de choix à faire
  • lors de la réalisation  d’actes / son idéal de base

 

Les formes de la culpabilité

On distingue 2 types de culpabilité :

La culpabilité normale inhérente à l’humain.

Elle est considérée nécessaire donc saine, car elle permet de distinguer le bien du mal. Elle pose des limites, des freins. Elle émerge quand nous avons un sentiment de transgression par rapport à nos valeurs.

Exemples « sentiment de mal agir », « mensonges » « impression d’avoir blesser l’autre »

Elle entraîne un besoin de réparations, des excuses, elle peut créer des remords, voire de la honte.

Dans la culture judéo-chrétienne, la culpabilité est inhérente à l’humanité et au sentiment de péché originel qui entraine la souffrance. Sans être croyant, il semble important de se sentir responsable et parfois coupable de ses actes en cas d’infraction à la loi, à la morale.

En psychanalyse, Elle commence au niveau biologique chez l’enfant dans la séparation du ventre maternelle. Elle se renforce avec la difficulté d’en faire le deuil.

Le sentiment de culpabilité s’intègre au niveau physique, émotionnel et mental à travers l’éducation, l’école, la société et les instances de l’état (police, justice).

On considère qu’une personne qui ne ressent pas de culpabilité est dangereuse pour les autres. Elle est perverse ou psychopathe.

 

La culpabilité pathologique :

Elle se présente sous 3 formes :

1/ Le regret et le remords : Le regret est associé à une nostalgie d’un fait passé, (deuil non fait), le remords est un sentiment de faute, d’avoir commis quelque chose de mal que l’on voudrait annuler, effacer de notre histoire avec une forte culpabilité. Nous portons ce fait passé comme un poids que nous regrettons profondément et il est nécessaire de se libérer de ce poids parfois secret pour se pardonner à soi-même et se réconcilier avec celui ayant subi le préjudice. Autrefois c’était le rôle de la confession, aujourd’hui cela s’exprime dans les consultations des psys ou ne s’exprime pas (risque de maladie ou de mal être). Cette culpabilité est totalement consciente.

 

2/L’auto-culpabilisation : C’est une tendance à ressasser ses propres actes ou paroles avec un sentiment d’avoir mal fait et une dévalorisation (risques d’anxiété, de TOC).

Ce type de culpabilité est souvent issue de l’univers familial. Elle est un moyen d’éducation, de pression. C’est une forme de manipulation inconsciente, de chantage parental.

L’enfant a été soumis à des injections de type « sois parfait » « sois fort ». Adulte, il se sent honteux face à sa vulnérabilité, ses faiblesses. Il ne s’aime pas et manque d’estime de soi. 

Parfois la personne est porteuse d’une histoire transgénérationnelle difficile. Elle a été contaminée par la culpabilité de ses ancêtres. Elle la conserve par loyauté. C’est un comportement inconscient et auto-manipulateur. La culpabilité sert de réparation pour payer la dette des ancêtres.

Ces 2 premières formes de culpabilité s’expriment à travers des comportements d’intériorisation :

  • Silences et secrets, comme les secrets de famille que l’on porte inconsciemment
  • Repliement sur soi : on se coupe des autres, voire on se déracine
  • Fusion, confusion : on entre dans la dépendance affective et on ne délimite pas son espace
  • Auto-punition ou auto-sabotage : par exemple on s’interdit de vivre une relation de couple, ou d’avoir des enfants
  • Mutilation : besoin de créer une coupure contre son corps coupable
  • Destruction : maladies graves, suicides, dépression

 

3/La culpabilisation : Elle intervient à chaque fois que nous projetons notre propre culpabilité sur l’autre. La personne accusée se sent alors coupable, ou plutôt se laisse culpabiliser ne sachant se défendre.

Elle est un moyen de pression pour exercer un contrôle sur l’autre. Par exemple, un patron culpabilise son employé pour l’amener à travailler davantage. Cette culpabilisation est plus ou moins consciente.

 La culpabilité est aussi une forme de manipulation consciente au service d’intérêt personnel ou collectif (religions, états, sectes, partis politiques).

Elle est le moteur du triangle bourreau/victime/sauveur.

Elle permet de trouver des boucs émissaires : l’étranger, l’autre.

Elle s’exprime à travers des comportements d’extériorisation :

  • La justification : la personne s’excuse tout le temps
  • Le déni : le coupable, c’est l’autre
  • L’accusation et le jugement : on se débarrasse de sa propre culpabilité en condamnant l’autre
  • La punition : la mère qui punit l’enfant qui frappe le chien
  • La violence et la guerre : degré ultime de la projection de sa culpabilité
    • Ex : réaction de l’Allemagne nazie après la défaite de la Première guerre Mondiale

 

Comment se sortir de la culpabilité :

1/Par la prise de conscience sur la nature de la culpabilité :

  • Nous portons un sentiment d’impuissance qui s’appuie sur la croyance

pas capable=coupable.

2/En imposant ses limites, en ne laissant pas l’autre nous culpabiliser. L’amélioration de l’estime de soi permet de s’accepter avec ses forces et ses faiblesses. Nous pouvons alors nous pardonner, pardonner à l’autre et nous aimer davantage.

  • Nous nous sentons coupable de ne pas pouvoir « sauver » l’autre (volonté inconsciente de toute puissante)

3/En ne prenant plus en charge la faute de l’autre, en laissant l’autre responsable de ses choix et de sa vie. En effet, l’illusion que l’on a d’avoir du pouvoir sur les autres nous amène à nous sentir coupable d’échouer. Nous devons donc faire le deuil de la toute puissance du petit enfant et accueillir le principe de réalité.

Ex : le codépendant croit qu’il peut libérer le dépendant de son addiction

En acceptant le deuil et la séparation de ce que l’on ne peut réparer, ni changer. Il n’y a ni bourreau, ni victime.

  • Nous portons la dette d’un ancêtre

4/En se libérant des mémoires inconscientes qui nous lient à la faute de nos ancêtres, ou à un pacte ou encore à un secret.

On peut avec l’aide d’un thérapeute payer la dette inconsciente que l’on porte, par un acte symbolique, faire un travail en thérapies transgénérationnelles, en constellations familiales, etc.

Ex : une mère était décédée jeune en laissant derrière elle 2 filles adolescentes et un jeune garçon. Elle était morte dans la culpabilité. Sa fille aînée avait des grossesses stériles produisant des œufs blancs. Elle alla sur la tombe de sa mère avec un coussin sur le ventre et déclara à sa mère qu’elle n’était pas en danger et pouvait porter cet enfant. Elle eut une fille quelques mois plus tard. Elle libérait ainsi la culpabilité de la mère de laisser ses enfants.

 

Conseil de lecture: "La culpabilité: l'émotion qui tue" ,Gilles Gandy, Le courrier du livre, 2017


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