Valérie Rousseau
Thérapeute psychocorporel en Gironde

La dépendance affective, entre sauveur et victime


"Ne me quitte pas" tel serait le mantra de la personne dépendante.

La dépendance affective prend racine dans une blessure d'abandon qui peut se vivre très tôt dans l'enfance.

  • Le bébé ne s'est pas senti accueilli par ses parents, ces derniers lui ont témoigné peu d'intérêt, la famille a vécu un deuil, un moment difficile . 
  • La naissance a été compliqué et l'enfant a été isolé de sa mère. Il y a eut un manque de présence, de câlins, de bercements.
  • La maman a été hospitalisée, a repris très tôt son travail , ou était au prise avec des problèmes personnelles, l'enfant l'a ressentie comme "absente".

 

Il serait possible d'énumérer de nombreuses raisons qui peuvent conduire à ressentir cette blessure, et pourtant notre passé ne permet pas d'expliquer l'intensité de cette blessure pour les dépendants affectifs.

Pour certains l'acte de séparation est physiquement douloureux, intolérable, destructeur. Pour d'autres, il est un moment pénible ou triste, une épreuve nécessaire, acceptée qui sera digérée sans trop de difficulté.

 

Comment reconnait-on le dépendant affectif ? Par le fait qu'il préfère tout accepter et se soumettre plutôt que de perdre le lien , la relation avec l'être aimé. Il donne alors son pouvoir à l'autre et perd ainsi une partie de son intégrité. Cette absence de limite, cette recherche constante de faire plaisir , de répondre aux besoins de l'autre ou point de s'oublier soi-même conduit sur la durée à devenir victime d'une relation toxique. 

Le besoin de fusion s'appuie sur la croyance "je suis toi et tu es moi" , à l'aspiration de transformer le 2 en 1, Si ce besoin est nécessaire durant les premiers mois de la vie , il doit s'estomper en grandissant et  devient néfaste à l'âge adulte. En effet, dans cette opération un des 2 se fait totalement fagociter par l'autre. Le  travail thérapeutique va permettre de développer de  l'autonomie . Le 2 dans la relation adulte doit évoluer progressivement en 3 c'est à dire  "je suis moi et tu es toi, et notre relation est nous". Chacun vit pleinement ce qu'il est et à la fois se "nourrit" de la relation.

 

Quelles sont les étapes qui permettent de sortir de la dépendance affective?

En premier lieu, la personne a besoin d'apprendre à dire NON. Le refus permet de poser les limites nécessaires pour se sentir respecter. Un refus qui entraînerait une perte de la relation témoigne de la fragilité, mais aussi de l'aspect intéressé de la relation.  Or, une personne ayant un sentiment sincère et profond souhaite respecter les besoins et les valeurs de l'être aimé. A l'inverse, un abus répété signifie que l'autre est considéré davantage comme un objet aux services de ses propres besoins et envies. Bien-sûr, cela n'est pas toujours conscient, mais justement l'objectif d'une thérapie est de mettre en lumière les comportements inconscients.

 

D'autre part, la personne dépendante joue souvent un rôle de sauveur. Elle va se mettre en 4 pour faire plaisir, pour combler les besoins de son partenaire, même si cela lui en coûte économiquement ou physiquement.  Inconsciemment elle "achète" l'amour de l'autre, essaie de se rendre indispensable et veut prouver qu'elle est le conjoint idéal.  Néanmoins, cette situation conduit à un état d'attente, un peu comme l'enfant qui ramène des bonnes notes à la maison pour obtenir de l' attention ou de l'intérêt de ses parents. Cette attente peut conduire à de la frustration, voir à de la colère avec un fort sentiment d'injustice. Peu à peu la personne dépendante passe d'un statut de sauveur à un statut de victime et se sent de plus en plus mal et malheureuse.

 

 C'est pourquoi, sortir de la dépendance affective signifie aussi ne plus aider excessivement la personne aimée , surtout si celle-ci ne demande pas d'aide directement. A nouveau , être capable de dire non si cette aide met en difficulté que ce soit d'un point de vue physique, moral,  financier ou autre.

 

Enfin, la personne dépendante doit retrouver l'amour de soi. Cela ne signifie pas être égoïste, ne plus aider les autres, ne plus penser aux autres. Cela implique de respecter ses besoins, ses valeurs et de faire ce qui paraît juste et bon pour soi. Par exemple, continuer à voir ses ami(e)s, à pratiquer des activités qui plaisent sans l'être aimé pour retrouver cette part de soi qui existe sans l'autre. Garder une partie de son jardin secret, ne pas tout dire , ne pas tout dévoiler à l'autre, même si la confiance et l'intimité sont le ciment du couple.  Finalement conserver un peu ce mystère de soi qui fait que l'autre ne nous appartient pas et reste toujours une énigme à découvrir.

Pour conclure, je dirai  que l'accompagnement thérapeutique sur la dépendance affective implique un travail sur l'enfant intérieur, sur les blessures de vie, et sur l'estime de soi. Il nécessite souvent quelques années d'accompagnement et une variété d'approches thérapeutiques, à la fois physiques, psychologiques, et peut-être aussi spirituelles.


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